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26/9/2024
Axelle Hecquet
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MySpace : qui est responsable de son déclin ?

Souvenez-vous, au début des années 2000, MySpace était LE réseau social incontournable. Tout le monde y personnalisait ses profils avec des fonds en paillettes, partageait ses morceaux de musiques préférés et se connectait avec ses amis. Bref, MySpace, c’était la star. Mais, aussi rapidement qu’il a grimpé, le site a chuté, victime d’une concurrence sur le marché des réseaux sociaux, de plus en plus forte.

Cependant les propos du PDG de MySpace, Tim Vanderhook, laissent entendre que  la responsabilité incombe davantage à un autre acteur : "Tout le monde pense que Facebook a tué MySpace, mais le véritable assassin était Google". Mais alors, qui est responsable du déclin de MySpace ? C’est ce que nous allons voir. 

MySpace vs. Facebook : un combat inégal

Trop de personnalisation tue l’expérience utilisateur

Au début, MySpace a cartonné grâce à la personnalisation. On pouvait vraiment tout faire avec son profil : des gifs animés partout, des playlists, des fonds multicolores qui faisaient clignoter l’écran... Le réseau était fait pour l’expression personnelle ! Sauf que cette liberté est vite devenue un cauchemar. Les pages étaient tellement chargées qu’elles mettaient du temps à s’afficher, et on s’y perdait complètement. L’expérience utilisateur a commencé à se dégrader, et ça a joué contre MySpace. Facebook, créé en 2004, avec son interface clean et homogène, a vite fait comprendre aux utilisateurs qu’il valait mieux la simplicité. Et on ne peut pas leur donner tort.

L'innovation absente au rendez-vous

Pendant que MySpace surchargeait ses pages, Facebook n’a, quant à lui, cessé d’innover. Leur fil d’actualité a changé la manière dont les gens restaient connectés avec leurs amis. De son côté, MySpace restait centré sur la musique et la personnalisation des profils, sans vraiment chercher à adapter son offre. L’équipe dirigeante semblait totalement déconnectée des besoins réels des utilisateurs. Au lieu de capitaliser sur son avance, MySpace est resté figé, laissant à Facebook le champ libre pour séduire ceux qui voulaient des interactions sociales simples et efficaces. 

Autrement dit, Facebook a compris ce que les utilisateurs voulaient (simplicité, fluidité, et de vraies interactions) et a su répondre à ces attentes bien mieux que MySpace.

Et Google dans tout ça ?

À première vue, on pourrait se dire : "Mais Google n’a pas directement rivalisé avec MySpace avant Google+ en 2011, non ?" C’est vrai. Mais Google a tout de même joué un rôle important en coulisses, en particulier via la publicité et son influence sur le web.

  • Publicité et monétisation excessive : En 2006, MySpace a signé un énorme partenariat avec Google, qui a versé 900 millions de dollars pour afficher ses publicités sur le réseau social. Ce qui aurait pu être une bonne nouvelle a finalement joué contre MySpace. Pourquoi ? Parce que cette injection de publicité a rapidement saturé le site. Les pages, déjà encombrées, sont devenues encore plus lourdes à charger et l’expérience utilisateur s’est détériorée. Résultat : de plus en plus d’utilisateurs ont commencé à fuir. 
  • L’écosystème Google : Pendant que MySpace se débattait avec ses problèmes de surcharge publicitaire, Google continuait à étendre son empire dans d’autres secteurs. Entre la recherche, la vidéo via YouTube (qu'il a acquis en 2006), la publicité en ligne via AdSense, et le mobile via Android, Google est devenu un acteur central du web. Peu à peu, les utilisateurs ont migré vers des services plus performants et mieux intégrés dans leur quotidien. MySpace, lui, restait figé.
  • Un flop sans impact : Quant à Google+, arrivé tardivement en 2011, il n’a pas eu d’influence majeure sur le déclin de MySpace, qui était déjà bien avancé. Google+ n’a jamais réussi à concurrencer Facebook, et cela n’a fait que renforcer l’hégémonie de ce dernier.

Les autres facteurs qui ont scellé le sort de MySpace

Bien sûr, MySpace ne s’est pas sabordé uniquement à cause de la publicité ou de Google. Il y a eu d’autres erreurs stratégiques qui ont contribué à sa chute :

  • Une gestion trop axée sur les profits : en 2005, lors du rachat de MySpace par News Corp, les utilisateurs aspiraient à une expérience plus immersive, une attente que le groupe n'a pas su anticiper. Au lieu de répondre à ces attentes, il a misé sur une monétisation rapide et des stratégies publicitaires agressives, négligeant ainsi l'amélioration de l'expérience utilisateur. Approche qui s’est vue accentuée  par le partenariat avec Google.
  • L’évolution des usages internet : À mesure que l'usage du mobile gagnait en popularité, MySpace n’a pas su s’adapter à cette nouvelle réalité. Les jeunes utilisateurs recherchaient des applications plus fluides, permettant un partage instantané, ainsi que des fonctionnalités comme les notifications en temps réel, des fils d’actualité dynamiques et une intégration fluide des médias. L'essor du mobile a ainsi mis en lumière les lacunes de MySpace en matière d'innovation et de réactivité face aux nouvelles attentes.

Raisons du déclin de MySpace

Alors, Google coupable ?

Pour conclure, qui est le véritable responsable de la chute de MySpace ? En y regardant de plus près, il semble que MySpace soit avant tout responsable de son propre échec. En misant sur une personnalisation à outrance qui rendait l’expérience utilisateur lourde et chaotique, puis en signant un partenariat publicitaire avec Google, alourdissant davantage le site, MySpace a négligé ce qui comptait vraiment : l'utilisateur. De son côté, Facebook a simplement tiré profit de la situation en offrant une plateforme plus intuitive, fluide et adaptée aux besoins de l’époque.

Bien que Google ne soit pas le seul responsable du déclin de MySpace, son influence sur l'écosystème numérique a indéniablement contribué à marginaliser des acteurs comme celui-ci. Des pratiques qui ne se sont pas arrêtées. Récemment, Yelp a déposé une nouvelle plainte contre le géant, affirmant que ses pratiques de recherche orientaient injustement les consommateurs vers ses propres services locaux, reléguant ceux de Yelp en arrière-plan. Ce comportement antitrust fait écho à ce que Vanderhook soulignait.