Data et climat : comprendre l'impact environnemental du numérique et les solutions durablesSaviez-vous que chaque clic consomme l’équivalent d’une goutte d’eau ?
Notre monde numérique cache un paradoxe fascinant, comme une médaille à double face. D’un côté la data dévore nos ressources avec une voracité impressionnante, chaque email stocké, chaque vidéo en streaming, chaque sauvegarde en ligne, de l’autre elle nous offre des outils révolutionnaires qui réduisent notre impact environnemental, la dématérialisation de milliards de documents papier, stockage cloud qui remplace les disques dur physiques ou encore les signatures numériques qui évitent l'impression de contrats en plusieurs exemplaires.
Entre promesses d’innovation et menace environnementale, la relation entre données et climat mérite qu’on s’y attarde pour comprendre comment transformer ce défi en opportunité.
Un paradoxe énergétique
Les données sont partout. Emails, vidéos, recherches Google, objets connectés… Chaque action numérique produit des milliards d’informations qui doivent être stockées. Et qui dit stockage, dit data centers.
Apparus dans les années 90, lorsque internet commençait à envahir notre quotidien, ils sont un peu comme des coffres-forts modernes de nos données. Mais concrètement, ce sont de gigantesques entrepôts numériques qui engloutissent à eux-seuls 2% de l'électricité mondiale et sont responsables d’environ 2% des émissions de gaz à effet de serre, un chiffre qui pourrait encore grimper à 14% d’ici 2040 ! Entre les services en ligne, les terminaux mobiles, le déploiement de la 5G et la multiplication des appareils technologiques, cela implique de plus en plus de données qui doivent être stockées dans ces infrastructures physiques.
Pour vous donner une idée, un seul data center consomme en eau chaque jour l’équivalent de 6,5 piscines olympiques, rien que pour refroidir ses serveurs. Google, par exemple, a utilisé 28 milliards de litres d’eau en 2022 pour ces infrastructures. Sans compter qu’ils ne sont pas les seuls à détenir un data center, on peut en compter 450 en France, 1800 en Europe et plus de 7000 dans le monde. Nombre conséquent, d’autant plus lorsque l’on sait que l’empreinte carbone des data centers est aujourd’hui similaire à celle du transport aérien.
Une pression sur nos écosystèmes
Le problème ne s’arrête pas à la consommation d’énergie. L’installation et le fonctionnement des data centers posent de véritables défis écologiques :
- Destruction d’habitats naturels : des milliers d’hectares de forêts et de terres doivent être sacrifiés pour ces infrastructures qui nécessitent de grands espaces.
- Systèmes de refroidissement polluants : près de 40% de l’énergie d’un data center sert à éviter la surchauffe des serveurs, souvent avec des substances chimiques nocives et des batteries de secours dont la fabrication et le recyclage posent de grave problèmes écologiques.
- Consommation d’eau : certaines méthodes de refroidissement réduisent l’électricité consommée mais augmentent significativement l’usage d’eau, une ressource déjà rare dans certaines régions.
Le nucléaire pour alimenter les data centers : une fausse bonne idée ?
Face aux besoins énergétiques colossaux des data centers, certains envisagent une solution radicale : les alimenter via des centrales nucléaires. Séduisant sur le papier, ce choix pose pourtant de nombreux problèmes :
- Dépendance énergétique et risques géopolitiques : des entreprises telles que Amazon ou Google pourraient se retrouver ultra-dépendantes de cette énergie, devenant des cibles stratégiques en cas de cyberattaque ou sabotage, ce qui pourrait accentuer les tensions géopolitiques.
- Impact social et éthique : investir massivement dans le nucléaire pour alimenter des services tels que le streaming vidéo alors que des millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité, exacerberaient les inégalités dans l’accès de cette ressource essentielle.
- Déplacement des priorités : privilégier le nucléaire pourrait freiner les efforts d’innovation vers des alternatives plus durables.
De plus, la construction de ces infrastructures peut avoir des répercussions négatives sur les communautés locales : expropriations, nuisances environnementales et risques sanitaires liés à la radioactivité.
Des solutions vers des data centers plus verts
Heureusement, des initiatives voient le jour pour rendre ces géants numériques plus respectueux de l’environnement :
- Refroidissement naturel : dès 2009, Google a ouvert un centre en Finlande, refroidi à l’eau de mer glaciale. Microsoft, quant à lui, teste des serveurs sous-marins pour limiter leurs besoins en énergie.
- Énergies renouvelables : Apple alimente ses infrastructures à près de 100% d’énergie renouvelable avec du solaire et de l’éolien.
- Optimisation des serveurs : Facebook a mis en place Autoscale, un système qui éteint automatiquement des serveurs inutilisés, économisant ainsi 15% d’énergie.
- Intelligence artificielle : l’IA analyse en temps réel la consommation des data centers afin de réduire significativement les pertes énergétiques et anticiper les pics d’activité.
La data en mode super-héro climatique ?
Nous sommes d’accord, les data centers ont un impact environnemental considérable, mais la data peut aussi devenir notre meilleur allié dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Prédire l’imprévisible
Imaginez une IA capable d’anticiper la prochaine catastrophe naturelle avec précision. C’est désormais possible grâce aux modèles climatiques avancés. Les gouvernements peuvent mieux préparer leurs infrastructures et sauver des vies avant même qu’une tempête ne frappe.
Les villes intelligentes au service de l’énergie
Bienvenue dans l’ère des “smart grids” ! Ces réseaux électriques intelligents révolutionnent notre rapport à l’énergie en ajustant en temps réel la production et la distribution d’énergie selon les besoins. Fini le gaspillage, place à une gestion optimisée de nos ressources !
L’open data : la transparence au service du climat
Aujourd’hui, l’open data change la donne. Grâce à des initiatives comme la loi REEN en France, les données environnementales deviennent accessibles à tous. Plus de transparence, c’est plus d’opportunités pour innover et réduire notre impact carbone, comme si nous construisions collectivement un immense puzzle : chaque pièce d’information nous rapproche d’une solution globale.
Et vous, que pouvez-vous faire ?
Chacun à son échelle peut agir, il suffit d’adopter les gestes simples qui font la différence :
- Faîtes le tri dans vos emails et fichiers numériques
- Limitez l’envoi de pièces jointes volumineuses
- Privilégiez un hébergement web écologique pour vos projets
L’avenir se dessine maintenant…
La technologie n’est pas encore parfaite, mais elle évolue dans la bonne direction : data centers éco-responsables, IA plus sobre, régulations plus strictes…
Et avec une neutralité carbone fixée comme objectif 2030 eu Europe, nous avons une véritable opportunité de rendre l’innovation compatible avec la préservation de notre planète.
Et vous, quelles solutions numériques utilisez-vous déjà pour réduire votre impact environnemental ?